La prévision est une compétence, pas une question de chance. Découvrez le C.O.D.E. des prévisionnistes d’élite, récemment validé par les agences de renseignement américaines.
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Comment devenir un bon prévisionniste ? À bien y penser, les bons prévisionnistes existent-ils, ou l’avenir est-il si imprévisible que même le prévisionniste le plus intelligent ferait aussi bien de tout jouer à pile ou face ?
Heureusement, nous connaissons la réponse à cette question ! La prévision est avant tout une affaire de compétence, et non de chance. Et une compétence, cela s’acquiert à force de pratique.
Comment savons-nous cela ? Entre 2011 et 2015, la communauté du renseignement américain – les espions – a organisé un grand concours de prévisions géopolitiques dans lequel ont participé une dizaine de milliers d’amateurs, lecteurs de journaux comme vous.
Les prévisionnistes se sont affrontés pour répondre à des questions telles que :
Le gouvernement régional kurde organisera-t-il un référendum sur son indépendance cette année ?
L’Inde ou le Brésil deviendront-ils des membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU dans les deux prochaines années ?
Ce concours faisait partie d’un projet de recherche plus vaste visant à affuter les capacités de prévision des analystes du renseignement américain.
Le projet a réussi au-delà des attentes. Selon certains rapports, certains prévisionnistes amateurs, participant au concours armés seulement d’internet, ont même dépassé de 30 % les performances des analystes professionnels, bien que ces derniers avaient accès à toutes les informations classifiées!
Mais les performances en matière de prévision variaient également beaucoup d’un individu à l’autre, de sorte que l’enseignement le plus précieux de ce projet de recherche est qu’il nous renseigne sur ce qui fait qu’un prévisionniste est meilleur qu’un autre. La bonne nouvelle est qu’il ne s’agit pas tant de ce que vous savez déjà, de votre niveau d’expertise dans un domaine, mais bien plus de votre façon de penser !
Mais d’abord, parlons de ce qui n’est pas nécessaire pour être un excellent prévisionniste. Avoir un QI élevé est utile, mais ce n’est pas le facteur le plus important. Si les meilleurs prévisionnistes ont tendance à être doués avec les chiffres, ils emploient rarement des équations pour établir leurs prévisions. Il n’est pas non plus essentiel d’être un expert. En réalité, la recherche démontre que les experts sont souvent parmi les pires prévisionnistes ! C’est parce que l’expertise est généralement plus utile pour expliquer ce qui s’est déjà passé que pour prévoir ce qui va se passer.
Alors s’il ne s’agit ni du QI, ni des mathématiques, ni de l’expertise, à quoi reconnait-on un bon prévisionniste ? Les secrets des meilleurs d’entre eux se résument à 4 principes que nous appelons « le CODE des pronostiqueurs d’élite ».
C comme Constance
Un bon prévisionniste sait faire preuve de constance : faire une prévision n’est pas une tâche ponctuelle ! La clé de la réussite consiste à mettre à jour vos prévisions régulièrement. Regardez comment ces trois prévisionnistes mettent à jour leurs prévisions de probabilité au cours de plusieurs mois. Vos prévisions devraient évoluer au gré des événements. Par exemple, si on voulait pronostiquer les chances que France gagne la prochaine coupe du monde de football, il faudra rester aux aguets face aux événements qui pourraient bouleverser les paramètres de la compétition : la démission d’un joueur clé – suite à une blessure – ou un événement inattendu – par exemple, l’élimination précoce d’une équipe favorite. Ces évènements sont très conséquents, et les meilleurs prévisionnistes s’assurent de mettre à jour leurs pronostics au fur et à mesure que la situation sur le terrain évolue.
Mais attention à ne pas non plus réagir de manière excessive aux nouveaux événements, comme le fait le prévisionniste A, ici en rouge dans cet exemple. Notre tendance naturelle est de considérer que ce qui s’est passé le plus récemment est aussi le plus important, mais ce n’est souvent pas le cas. La recherche démontre que les meilleurs prévisionnistes ne réagissent pas de manière excessive changeant leurs prévisions de façon brutale, mais préfèrent procéder à de nombreux ajustements plus fins au fil du temps. Dans cet exemple, le prévisionniste C, en gris, est vraisemblablement le prévisionniste le plus fiable.
O comme Ouverture d’esprit
Les meilleurs prévisionnistes sont humbles. Ils sont à l’aise avec l’incertitude et ne se vexent pas plus que cela lorsque leurs prévisions favorites ne se réalisent pas.
Ils font preuve d’une grande ouverture d’esprit active. Cela signifie qu’ils cherchent activement des points de vue contradictoires. Ils aiment débattre avec eux-mêmes, apprendre des autres, surtout ceux qui ne sont pas d’accord avec eux, et emploient un langage nuancé comme « d’une part.. d’autre part… il se pourrait que… en même temps… ».
Les meilleurs prévisionnistes aiment également apprendre. Ils ont ce que les psychologues appellent un « état d’esprit de croissance ». C’est-à-dire qu’ils aiment l’idée qu’ils peuvent se perfectionner en pratiquant. Ils considèrent leurs échecs comme faisant partie d’une courbe d’apprentissage et ils n’abandonnent jamais.
D comme Diviser pour régner
Il est important de décomposer une prévision complexe en éléments plus simples, c’est-à-dire d’identifier les facteurs importants qui entrent en jeu afin de savoir sur quoi vous devez vous renseigner avant de faire une prévision raisonnée.
Par exemple, si vous souhaitez faire une prévision sur les chances de la France de remporter la prochaine coupe du monde de football, vous devriez décomposer le problème, au minimum, en les éléments suivants :
La France dispose-t-elle actuellement de joueurs de haut niveau ?
L’équipe dispose-t-elle d’un bon entraîneur ?
Quand la France a-t-elle gagné une coupe du monde dans l’histoire récente ?
E comme Équilibre
Un excellent prévisionniste sait équilibrer plusieurs points de vues en adoptant à la fois une vue microscopique, dite « vue de l’intérieure », et une vue macroscopique, dite « vue de l’extérieur ».
La « vue intérieure » fait référence aux caractéristiques uniques d’une situation. Il s’agit des facteurs clés qui ne sont pertinents que dans le contexte spécifique de la prévision que vous essayez de faire.
Au contraire, le « point de vue extérieur » ne tient compte que de ce qui s’est passé dans des situation similaires. Pour adopter un point de vue extérieur, vous devez identifier des situations semblables et calculer le taux de base. Comme décrit précédemment, un taux de base représente la fréquence moyenne à laquelle les événements se déroulent d’une certaine manière dans des situations comparables.
Un bon prévisionniste commencera par prendre la vue extérieure sur la situation, puis il l’examinera de plus près en adoptant la vue intérieure.
Reprenons notre exemple de prévision des probabilités que la France remporte la prochaine coupe du monde. Qu’en pensez-vous ? Si vous avez une idée, prenez quelques secondes pour noter votre estimation sur une feuille de papier… avant que nous y réfléchissions ensemble.
Voyons si nous pouvons arriver à une estimation raisonnée. En prenant le point de vue extérieur, nous demandons : Avec quelle fréquence la France a-t-elle tendance à gagner la coupe du monde en moyenne ? Si nous examinons les 10 dernières coupes du monde, nous constatons que la France a gagné deux fois. Cela nous donne un taux de base de 20% de chances de victoire.
En même temps, nous remarquons aussi que dans l’histoire récente de la coupe du monde, aucune équipe n’a jamais gagné deux fois de suite. C’est donc un deuxième taux de base de 0% ! Si nous combinons les deux taux de base en calculant, par exemple, la moyenne, cela nous donne 10% de chances que la France gagne.
La vue de l’intérieur va ensuite nous aider à affiner cette estimation en examinant les spécificités de la situation actuelle. Nous observons que la France possède actuellement des talents de premier plan, avec Kylian Mbappé parmi les 10 meilleurs joueurs du dernier classement FIFA. De plus, l’entraîneur de la France, Didier Deschamps, lui-même champion du monde, a mené l’équipe à la victoire lors de la dernière compétition. L’ensemble de ces observations pourrait nous amener à revoir notre estimation du taux de base à la hausse de 5%.
En combinant les points de vue extérieur et intérieur, nous pouvons prévoir que la France a 15% de chances de gagner la prochaine coupe du monde.
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